
Après un premier tome laissant entrevoir des choses intéressantes, le deuxième volume avance un peu plus dans l’intrigue et dans le développement de ses thématiques. La maturité est toujours au rendez-vous confirmant les qualités de Six Half.
Résumé :
Alors que Shiori commence à peine à retrouver un quotidien normal, une horrible vision – où son frère lui dit qu’il la déteste – vient troubler ce calme apparent. Simple hallucination ou souvenir douloureux du passé? La quête d’identité de la jeune fille se poursuit et ses interrogations sont de plus en plus pesantes, d’autant plus qu’une certaine Mizuki refait son apparition.
Source : Delcourt/Tonkam
Avis :
« C’était quoi cette vision? » (Shiori) – Tome 2
Pour Shiori, le retour au quotidien s’avère compliqué. Les jours passent mais la jeune fille a bien du mal à composer avec son passé. Un passé qui paraît de plus en plus lourd au vu des révélations qu’on lui fait sur son comportement. Qu’a donc pu bien faire l’ancienne Shiori ? Est-ce réellement une bonne chose qu’elle retrouve la mémoire ? Elle commence à douter et l’arrivée de Mizuki va quelque peu perturber notre héroïne.

Ce deuxième volume se veut marquer par une recherche d’authenticité si je peux m’exprimer ainsi. En effet, en ayant perdu la mémoire, Shiori est à la recherche de qui elle était réellement et non de celle qu’elle était forcément avant sa mémoire. Il est vrai qu’elle n’en a pas encore pleinement conscience mais on se rend bien compte que Ricaco Iketani semble amener petit à petit son héroïne dans ses retranchements. Aussi, de manière judicieuse, elle essaie de montrer le décalage qu’il peut y avoir entre cette héroïne cherchant à se construire avec son nouveau soi et son ancien soi. Une difficulté rendue plus complexe par cette volonté qu’elle éprouve à ne pas vouloir retrouver sa mémoire alors que de petits pans refont tout doucement surface. Mais plus loin, il est aisé de comprendre que ce sont les peurs de Shiori qui sont mises en avant. Bien qu’elle soit forte, on voit une héroïne qui ne parvient pas toujours à trouver ses marques d’autant que ses actions passées apparaissent comme un frein.
« Dis, t’as pas envie de retrouver la mémoire ou quoi? » (Kai) – Tome 2
Par ailleurs, l’héroïne doit également composer avec un environnement familial qui tour à tour l’apaise ou au contraire exacerbe ses craintes. Si le contact avec Akio s’avère toujours aussi prévenant voire parfois étouffant, la relation avec sa jeune sœur, Maho, reste toujours aussi ardue.
« Quand Papa souffrait à l’hôpital, elle a passé son temps à faire la fête comme si de rien n’était, sans même lui rendre visite. » (Maho) – Tome 2
Retrouver « sa vie » n’est donc pas la chose la plus simple. Mais plus loin, comment peut-elle également envisager son avenir ? Des interrogations légitimes chez cette adolescente qui renforce une forme d’empathie chez nous, lecteurs. Et ce qui capte notamment l’attention, c’est dans la manière dont la mangaka distille les informations concernant le passé de Shiori. Plutôt que de tout annoncer d’un bloc, elle préfère accentuer les différences entre l’ancienne Shiori froide et hautaine et la nouvelle Shiori, perdue, fragile mais avec une envie d’être forte. Quelque part, on comprend pourquoi il y a cette référence à ce titre Six Half. Shiori n’est jamais totalement entière, toujours écartelée entre deux « moi » d’une certaine façon. Et en cela, les relations qu’elle entretient ne peuvent pas être facilitées dans la mesure où son accident a servi à tout bousculer en elle.
Côté intrigue amoureuse, les éléments sont également distillés au compte-gouttes. Si on savait que Shiori entretenait une relation avec Kai, celle-ci demeure platonique avec l’accident de cette dernière. De ce fait, Kai apparaît comme un soutien semblant plus apprécier cette nouvelle Shiori qui paraît lui accorder plus d’importance. Ce qui ne fait que continuer à envenimer ses relations avec Chika dont on peut parfois avoir du mal à comprendre les motivations : plus loin que le simple fait de vouloir Kai, on peut se demander s’il n’y a pas autre chose derrière son attitude. Mais bien évidemment, ce qui tient en haleine, c’est toujours cette espèce d’ambiguïté avec Akio.
« J’aime Akio. Mais pas en tant que « sœur ». (Shiori) – Tome 2
Les dernières pages mettent déjà en évidence des troubles qui laissent présager quelque chose de beaucoup plus complexe. D’autant que la venue de Mizuki suscite un trouble chez l’héroïne qu’elle ne parvient pas à réellement à expliquer.

Toutefois, malgré ces nombreux tourments, Shiori demeure positive et pleine de « peps » de manière générale. Et c’est sans doute ce qui la pousse à aller vers son avenir même sans passé. Et à nouveau, la maîtrise narrative de la mangaka y est pour beaucoup : quotidien, gestion des relations humaines, interrogations sur l’autre également, tout est bien structuré de manière générale sans précipiter les choses. La mangaka n’oublie pas de toujours placer des moments légers ou humoristiques. Finalement, tout cet ensemble s’avère très plaisant à suivre et on a également envie de voir comment va se reconstruire cette Shiori.
Mystères, souvenirs et amour (bien qu’encore un peu en retrait) sont donc présents dans ce volume qui lentement laisse la place à une fine psychologie. Un deuxième volume aussi sincère que le premier qui devrait vous plaire.
Informations :
Titre VO : シックス ハーフ – Six Half
Titre VF : Six Half
Genres : shôjo, romance, tranche-de-vie, drame, énigme
Nombre de tomes VF/VO : 11 (Terminé)
Auteur : IKETANI Ricaco
Édition VF : Delcourt/Tonkam
Prix : 6,99€
Note : ★★★★☆