
Love & Lies est un titre paru chez Pika à la fin de l’année 2016. Un titre qui propose une vision bien aseptisée des relations amoureuses et pour cause : on ne choisit plus de qui on tombe amoureux. Cette comédie sentimentale de Tsumugi Musawo a également bénéficié d’une adaptation en anime qui a été diffusée sur la plateforme Wakanim.
Résumé :
“L’amour” Voilà bien un piège dans lequel il est aisé de tomber. Mais dans ce monde, c’est le gouvernement qui décide avec qui chaque citoyen devra passer le reste de sa vie. Une réalité à la fois source d’espoir et de désespoir.
Yukari Nejima, un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal, garde en secret dans son cœur un amour brûlant. Dans un monde où l’amour n’est pas permis, ce jeune garçon de 16 ans s’apprête à vivre une aventure interdite !
Article 1 : Tomber amoureux est interdit !
Dans un futur proche, c‘est le gouvernement qui décide du conjoint avec lequel chaque citoyen, dès ses 16 ans, devra passer le reste de sa vie. Ce bonheur promis sur la base de critères génétiques est à la fois source d‘espoir et de désespoir…
Depuis toujours, Yukari nourrit en secret un amour brûlant pour Misaki. Mais alors qu’il déclare ses sentiments à la jeune fille, il reçoit l’avis gouvernemental avec le nom de sa future épouse, Ririna ! Dans une société où avoir des sentiments pour autrui est illégal, ce lycéen s‘apprête à vivre une aventure interdite !
Le fil rouge des sentiments sera-t-il plus fort que la loi Yukari ?
Source : Pika.
Avis :
Love & Lies ne me disait pas grand-chose au départ mais j’avoue que l’annonce de son adaptation en anime puis sa diffusion par la suite sur la plateforme Wakanim m’ont poussée à découvrir ce manga. Et je dois dire que j’apprécie bien de le lire. Il s’inscrit dans la lignée des shônen romantiques avec des codes bien prévisibles mais d’autres qui pourront aussi parfois surprendre.
« En classe, je ne la quitte jamais des yeux. » (Yukari) – Tome 1.
Ainsi, l’intrigue se déroule dans un Japon contemporain mais fictif où les personnes ne choisissent plus d’être ensemble parce qu’elles sont amoureuses mais parce que le gouvernement l’a décidé. Dès l’âge de 16 ans, on leur attribue donc leur moitié respective en se basant sur une analyse créant les couples les plus complémentaires. Et cela dans le but de préserver la pérennité japonaise. Pour Yukari Nejima, il est d’ailleurs sur le point d’atteindre ses seize ans et donc de recevoir cette fameuse notification. Sauf que le jeune garçon est amoureux de la belle Misaki Takasaki depuis l’école primaire. Prenant son courage à deux mains, il lui déclare alors ses sentiments et cette dernière lui répond favorablement. Sauf que la notification gouvernementale tombe et si dans un premier temps, il a vu que c’était Misaki sa future compagne, il découvre finalement que c’est une certaine Ririna Sanada qui lui a été attribuée. Qu’est-ce qui attend réellement le jeune homme pour son avenir sentimental ?

Love & Lies est une série publié aux éditions Kôdansha au Japon. En France, la parution en est déjà à cinq volumes et le titre est toujours en cours au Japon. Je ne peux pas dire que je connaissais Tsumugi Musawo mais j’ai eu le plaisir de le découvrir en parcourant ce premier volume. De manière générale, le titre s’inscrit dans la grande tradition des shônen romantiques tout en apportant de petites touches d’originalité.
« C’est comme si toutes les cellules de mon corps me disaient « tu as fait le bon choix en tombant amoureux d’elle! » (Yukari en pensant à Misaki) – Tome 1.
Il est vrai que le genre est aussi difficile dans le renouvellement. Généralement, on retrouve les mêmes pirouettes scénaristiques si bien que cela peut être lassant d’une certaine façon. Hormis GE – Good Ending qui, pour moi, est une shônen romantique au-dessus de tous les autres ; fréquemment, on n’a pas tant de surprises. Toutefois ici, il y a quand même un pitch intéressant qui est proposé notamment grâce à une construction de l’intrigue où l’amour semble devenu quelque chose de vain si bien que le gouvernement choisit la personne avec laquelle on va passer le reste de sa vie. En cela, je ne sais pas s’il s’agit fondamentalement d’une critique implicite de l’auteur ou si c’est réellement pour servir son intrigue, mais il reste qu’il est plutôt pertinent de mettre en avant la démographie japonaise dans ce qu’elle pose comme problème. Pour autant, le titre ne s’épanche pas réellement sur ce sujet puisqu’en fait, on comprend très rapidement que tout cela n’est qu’un prétexte pour développer la romance et notamment le triangle amoureux qui s’installe. Il n’y a donc pas de vraies surprises pour le moment dans la mesure où l’univers assez scolaire reste globalement basique. Mais on se doute que l’intrigue pourrait gagner en richesse et si vous avez vu l’anime, vous devriez savoir pourquoi.

Dans tous les cas, j’ai quand même apprécié ce triangle (qui dans le fond n’est pas un vrai triangle amoureux quand on poursuit les tomes) parce qu’il choisit d’imposer l’amour et non de se laisser porter par toutes les émotions que cela peut susciter. Le fait que tout soit régi par le gouvernement apporte un certain intérêt car celui-ci détermine qu’un couple « lambda » n’a pas sa place dans la société. Donc un couple « banal » serait soumis à des codes ne répondant pas à la politique du gouvernement. Quand on y réfléchit, c’est quand même étrange… Mais c’est vraisemblablement cette notion d’interdit qui apporte un côté intrigant au titre. Dès le départ, on sait que l’amour entre Yukari et Misaki est voué à l’échec selon le gouvernement. On apprend donc clairement qu’ils s’aiment mais que cet amour ne pourra s’accomplir puisque c’est avec Ririna que Yukari doit construire sa vie personnelle. Cela permet de donner une certaine complexité au titre qui tout en posant des bases relativement pertinentes nous permet déjà de voir que les interactions entre les personnages témoignent d’une ambiguïté. Il faut dire que l’une des particularités, c’est que Misaki et Ririna, par un concours de circonstances, vont développer une amitié entre elles. Mais on ne peut pas dire que Yukari soit un personnage qui cherche à blesser l’une ou l’autre d’autant que pour Ririna qui est totalement novice en matière de relations amoureuses, elle vit davantage tout cela en découvrant les sentiments que Yukari éprouve pour Misaki. Aussi, si elle ne parvient pas à développer les légers troubles qu’elle ressent, on ne peut que penser que prochainement, cela pourrait créer un réel problème. Il est encore un peu tôt, néanmoins, pour affirmer que telle fille pourrait avoir le dessus sur l’autre. Il y a aussi un point qui n’est pas traité et qui pourrait justement rajouter du piquant à l’intrigue : si on connaît la fiancée de Yukari, on ne sait absolument pas qui a été désigné pour Misaki. Là encore, en pensant à cette perspective, on peut très logiquement se dire que cela pourrait provoquer davantage d’entraves.
« Pour résumer « aimer », qu’est-ce que ça veut dire? » (Ririna) – Tome 1
Autre point plutôt surprenant, c’est la fin du volume qui fait intervenir un personnage qui jusque-là se distinguait essentiellement pour son flegmatisme : Nisaka. Je trouve ce personnage intéressant car on le voit souvent observer les choses, ressentir une tension quand il voit Misaki ou paraissant blasé. Sauf que les dernières pages du titre relancent quelque part l’intrigue en le faisant apparaît comme une donnée qu’on n’avait pas du tout envisagée. Tout cela concourt à donner une certaine audace au titre.
Malgré tout, le titre ne passe pas à côté de quelques clichés plutôt prévisibles. Et cela à travers les personnages. Yukari est le type assez naïf, banal en tant que héros. Il n’est pas méchant fondamentalement mais on ne peut pas dire qu’il soit actif pour le moment. Misaki est « la belle fille du lycée » mais elle ne le revendique pas pour autant. Elle paraît beaucoup moins naïve que le héros assumant peut-être plus facilement ses envies ce qui contraste avec Ririna qui, elle aussi, se caractérise par une certaine candeur. Enfin Nisaka est clairement le personnage qui surprend le plus au vu ce qui se passe à la fin du volume. Puis j’avoue que j’aimerais savoir pourquoi il ressent toujours un petit ressentiment quand il voit Misaki (même si j’ai quelques idées…).
« J’aimerais vraiment que tu finisses par tomber amoureuse de Nejima… » (Misaki) – Tome 1.
D’un point de vue visuel, le travail de Tsumugi Musawo n’est ni exceptionnel, ni mauvais. Disons qu’il aurait gagné à être plus régulier au niveau des traits qui peuvent souffrir d’approximations. Pour autant, j’ai trouvé qu’il s’en sortait plutôt bien pour mettre en avant le physique des filles. D’ailleurs, on n’a pas de fan-service dans ce volume, ce qui est assez plaisant. Le dessin pourrait néanmoins gagner en précision au fur et à mesure des tomes. L’édition de Pika est fidèle à ce que l’on connaît et la traduction est réussie.
Pour résumer, Love & Lies pose assez bien les bases et pourrait s’avérer intéressant si tous les éléments sont développés correctement. Malgré quelques clichés, il reste que le titre a quelque chose d’intrigant. Ce premier tome est donc une lecture plaisante et dont on attend de voir l’évolution.
Informations :
Titre VO : 恋と嘘
Titre traduit : Koi to Uso
Genres : shônen, romance, comédie, tranche-de-vie, school life
Nombre de tomes VF/VO : 5/6 (en cours)
Auteur : MUSAWO Tsumugi
Édition VF : Pika
Prix : 6,95€
Extrait en ligne : Love & Lies – T.1
Note : ★★★☆☆