
C’était l’évènement du mois d’avril 2018. Après une publicité comme je n’en ai rarement vu pour un titre, The Promised Neverland est annoncé comme le gros succès des éditions Kazé. Et autant dire que c’est totalement mérité !! Découvrez mon avis dithyrambique sur un titre qui a l’art de jouer avec nos nerfs…
Résumé :
Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et sœurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de « Maman », qu’ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !
Source : Kazé
Avis :
« L’orphelinat était mon chez-moi! » (Emma) – Tome 1.

Je ne vais pas mentir… Au départ, j’avoue que j’avais du mal à comprendre pourquoi il y avait une telle publicité pour The Promised Neverland. Oui, il était issu du prestigieux Shônen Jump des éditions Shûeisha ; magazine et éditeur qu’on ne présente plus. Oui, il semblait connaître un succès fulgurant au Japon (même si là encore, je ne comprenais pas tant pourquoi parce que l’intrigue me paraissait excitante mais je ne voyais pas encore LE petit truc pour se démarquer) et oui, son adaptation en anime laissait présager que peut-être il y avait LE truc que je cherchais. Mais très franchement, quand j’ai lu le premier volume, je crois que je n’ai jamais pris une telle claque tellement les rebondissements du titre ne cessaient de me secouer encore et encore. Et à ce moment, en refermant le manga, je me suis dit : « Kazé a eu raison de faire un tel matraquage ! ». Rarement un titre ne m’avait procuré autant de sensations en l’espace d’une heure…
Mais revenons un peu sur le parcours de Yakusoku no Neverland (le titre en VO). Comme dit ci-dessus, le titre est issu du prestigieux magazine des éditions Shûeisha. Et ce qui pourrait surprendre quand on connaît le magazine et que l’on lit le titre, c’est qu’on ne s’attend pas forcément à l’y voir en fait. Le contexte très sombre du titre ne me donnait pas l’impression de coller tellement au magazine. Pourtant, petit à petit, la série a gagné de l’ampleur et notamment parce que les rebondissements sont menés tambour battant et surtout parce que son auteur Kaiu Shirai, à la manière de Hajime Isayama, avait déjà tout son scénario en tête. Il a d’ailleurs confié savoir la fin de son titre. Chose qui n’est pas forcément courante chez les mangakas.

Avec tout cela, on arrive aisément à comprendre pourquoi ce manga est LE manga sur lequel les éditions Kazé comptent. Et d’ailleurs, j’ai pu lire sur les réseaux sociaux beaucoup de remarques concernant cette très longue campagne de promotion par l’éditeur. Souvenez-vous, c’est durant la période estivale 2017 que l’éditeur annonce le titre. Mais pour autant, la sortie n’est prévue qu’un an après. Autant dire que la promotion n’a fait que gagner en importance pour devenir de plus en plus visible : présentoirs, trailers, silhouettes de promotion dans les librairies, mini-site. Tout est fait pour « chouchouter » le futur bébé. Et le summum intervient quand on apprend que près de 100 000 exemplaires (dixit Kazé) sont tirés. Je ne suis pas sûre d’avoir souvent vu (même pas pour L’Attaque des Titans). Forcément, avec autant d’investissement, on est clairement en droit de se demander si l’éditeur ne va pas droit dans le mur et ce que vaut concrètement The Promised Neverland. Et mon verdict est sans appel : GRANDIOSE !
Mais découvrons un peu plus l’histoire très sombre de ce titre qui tient en haleine de bout en bout. Nous faisons connaissance avec l’orphelinat Grace Field House. Un lieu dont la consonance laisse à penser que le cadre se déroule en plein Occident (mais peut-être qu’on nous trompe là-dessus… Qui sait ?). Cet orphelinat y accueille 38 enfants allant de nourrissons à des enfants âgés jusqu’à 12 ans. Les enfants vivent dans un cocon où ils sont nourris, logés, bien traités et où ils mènent une vie tout ce qu’il y a de plus insouciante. D’autant que la directrice, affectueusement appelée « Maman » est là pour leur prodiguer tout l’amour possible. Bref, un orphelinat où les enfants ont absolument tout pour avoir une enfance épanouissante d’autant que le lieu, vaste, leur permet de jouer et aller jusqu’aux abords de la forêt. Sauf qu’ils doivent quand même respecter quelques règles : ne pas s’approcher du grand portail d’entrée qui les sépare du monde extérieur, être pointilleux sur les heures et ne pas franchir les barrières qui séparent de la forêt. Mais ils ont aussi des tests à passer régulièrement et qui leur permet de tester leurs connaissances. Un cadre qui permet réellement aux enfants d’être des corps sains dans des esprits sains… Du moins, c’est ce qu’ils pensent tous. C’est dans cet univers doucereux que l’on fait la connaissance de nos trois héros : Emma, 11 ans fait partie des enfants les plus âgés avec ses deux amis du même âge, Norman et Ray. Ils apparaissent un peu comme les grands frères et la grande sœur de l’orphelinat. Toujours là pour veiller sur les plus jeunes et pour seconder « Maman ». On découvre assez rapidement qu’ils ont aussi leurs qualités propres : Emma se distingue par sa remarquable agilité mais aussi sa vivacité d’esprit. Norman fait figure de l’intelligent du groupe tandis que Ray passe le plus clair de son temps à lire. Il apparaît comme le plus perspicace : parlant peu mais remarquant beaucoup de choses. Tous trois possèdent une amitié forte même s’ils savent qu’un jour, ils seront séparés car l’orphelinat ne les accueille que jusqu’à leur 12 ans. Ils savent donc qu’ils seront prochainement adoptés. Du moins, c’est ce qu’ils pensent… Car voilà, une de leurs « sœurs », Conny, âgée de 6 ans va justement être adoptée. Et quand Emma se rend compte qu’elle a oublié sa peluche favorite, elle brave l’interdit pour s’approcher du grand portail et découvrir l’effroi, l’insoutenable vérité. Emma comprend qu’ils n’ont plus le choix : ils doivent fuir s’ils ne veulent pas mourir dans d’horribles circonstances.

La difficulté de cette critique, c’est réellement de ne pas trop en dévoiler pour garder cette part de mystère qui fait la richesse du titre et d’être assez convaincante pour parler toutefois du titre. Il n’est pas du tout évident de parler de ce tome sans trop en dire mais j’aime ce genre de défi quelque part. Aussi, j’espère avoir les arguments suffisants pour vous prouver que vous ne devez pas passer à côté de ce titre !
« Prépare-nous tes trois meilleurs éléments pour la prochaine livraison. » (Personnage inconnu) – Tome 1.
Tout d’abord, il convient de revenir sur le scénario de The Promised Neverland. Et franchement, il est très ingénieux. Étrangement, j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose qui touchait aux « escape games ». Vous savez, ce nouveau concept très à la mode ces temps-ci, qui consiste à s’évader d’un lieu (on en trouve pleins sur Paris et ses alentours d’ailleurs). Eh bien, c’est totalement cela dans le titre. Une fois qu’Emma comprend ce qui les attend s’ils ne s’échappent pas, ils vont devoir tout faire pour trouver un moyen de s’enfuir. Et autant dire que leurs méninges vont être mises à rude épreuve : observer, tâtonner, analyser, prévoir, trouver des solutions, nos jeunes héros doivent avancer leurs pions prudemment. D’autant qu’une fois qu’Emma et ses camarades découvrent la vérité, toutes les autres vérités vont leur apparaître sous leurs yeux. Des choses dont ils ne doutaient pas mais qui finalement prennent tout leur sens une fois que l’on fait preuve de raison. Et c’est fou comme les choses prennent sens une fois qu’ils comprennent l’enjeu de leur présence dans cet orphelinat : pourquoi ne manquent-ils jamais de nourriture ? Pourquoi « Maman » est-elle si gentille ? Pourquoi doivent-ils passer tous ces tests ? Pourquoi l’interdit des barrières ? Pourquoi les laisse-t-on autant s’épanouir, gambader et jouer ? Tout commence à se faire jour dans l’esprit des enfants. Tout cela ne représente qu’une illusion servant à cacher une réalité beaucoup moins reluisante. Une découverte qui va ébranler les certitudes de nos jeunes héros. Notamment Emma qui apparaît comme la plus sensible du groupe. Il faut dire que pour elle, c’est sa « famille » qui vole en éclat. Il lui faut donc du courage pour se reprendre en mains en compagnie de Norman et Ray mais surtout de trouver une issue. Et c’est là que les jeunes amis peuvent avoir quelques oppositions car ils ont une manière d’envisager les choses selon leurs qualités respectives.

Plusieurs questions sont alors soulevées : Emma veut s’enfuir avec tous les enfants. Sauf que certains sont des bébés et apparaissent comme des handicaps. Alors comment fuir sans susciter des soupçons? Ray, le plus terre-à-terre- pense qu’il est impossible de fuir avec tout le monde, ce que refuse Emma qui ne veut laisser aucun enfant sur le côté. Les abandonner serait les laisser à un sort peu enviable. Tout ce premier tome sera donc axé sur comment faire et comment trouver les outils. Et je pense que cela devrait encore se poursuivre sur quelques tomes car on en est vraiment aux balbutiements du récit. Les enjeux se posent tout doucement et on ne cesse jamais d’avoir des découvertes qui faussent toutes les tentatives.
« Nous trouverons une solution pour fuir tous ensemble, je te le promets. » (Norman) – Tome 1.
Il faut dire que l’ingéniosité de Kaiu Shirai est d’exploiter avec beaucoup de brio les personnalités de ses personnages. Et l’ensemble est appuyé par des petits détails qui sont disséminés tout le long et qui nous troublent énormément. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on ne sait jamais sur quel pied danser. Ce qui m’a le plus captivée, c’est la tension qui s’installe petit à petit et qui vient de la confrontation entre Maman et nos héros. Ce duel tient toutes ses promesses alors qu’on n’en est qu’au tome 1. La façon dont tout doucement les deux parties essaient de se rendre coup pour coup est brillante. Cela donne un aspect très immersif au titre. Le récit avance de manière judicieuse avec une narration limpide et qui est toujours tendue comme si le danger était permanent. En gros, c’est comme si vous lisiez le titre mais en ayant la sensation d’être constamment sur le qui-vive. Et c’est passionnant !! Les héros, certes, savent qu’ils ont un temps maintenant limité mais comme ils se doutent que Maman sait à présent que le secret n’est plus aussi bien gardé, ils doivent aussi composer avec le fait qu’elle va chercher à chaque instant à les débusquer. Tout cela se fait à travers la narration de la plus impulsive du groupe, à savoir Emma. On avance en même temps qu’elle car son point de vue interne permet de prendre en compte ses ressentis comme elle paraît la plus sensible du groupe. On finit par s’attacher à cette petite fille insouciante au départ mais qui doit grandir plus vite dès qu’elle découvre la vérité. Quelques fois, on peut toutefois avoir les points de vue des autres personnages : Ray, Norman, Maman ou encore Krone, un personnage énigmatique qui pourrait tout aussi bien donner du fil à retordre à nos héros.

Je dois dire que le personnage qui m’a quand même le plus interpellée reste celui de Maman. Cette femme a le don d’être un masque d’affabilité révélant une personnalité sans doute plus tordue (pour le dire de manière un peu radicale). J’avoue que je ne sais pas comment l’aborder. Il y a quelques découvertes à son sujet qui laissent à penser qu’elle a aussi son propre objectif à mener.
« C’est moi qui survivrai! » (Maman – Mère Isabella) – Tome 1.
Mais pourquoi s’est-elle engagée là-dedans ? Tout cela demeure un mystère. Et si d’un point de vue logique, elle se révèle une adversaire redoutable, c’est un personnage qui pourrait porter un fardeau inattendu, ce qui pourrait expliquer bien des choses. Mais dans tous les cas, j’adore comment de manière subtile, elle déjoue tous les pièges des enfants même si elle ne sait pas encore de qui il s’agit. Le fait d’instaurer ce rapport tendu est la réelle force du titre. On a tout le temps envie de savoir qui va remporter les petites batailles ET la victoire finale!
« Vois-tu, Emma, le problème, ce n’est pas seulement de s’évader. » (Ray) – Tome 1.
Il reste que de nombreuses zones d’ombre demeurent. Le scénariste plante bien son décor mais il soulève également moult questions pour lesquelles on n’a aucune réponse pour l’instant. Certes, on a bien une idée concernant les tatouages qu’ils arborent au cou mais il reste que l’ensemble peut demeurer effrayant d’un côté : que se passera-t-il quand ils découvriront le monde extérieur ? Et comment est ce même monde extérieur ? Confiné dans un lieu où tout était agréable, le choc pourrait être grand pour eux. Qu’a-t-il pu réellement se passer ? Et tous ces enfants qui ont été « adoptés », à qui ou quoi ont-ils été destinés ? En somme : qu’est-ce qui a pu se passer concrètement ? Il vous est aisé de comprendre que la fuite de Grace Field House n’est qu’une étape et les jeunes héros vont sans doute avoir bien d’autres éléments à résoudre mais cela concourt à enrichir un peu plus ce scénario déjà très bien ficelé !
Alors, là où certains pourront peut-être chipoter un peu, c’est sans doute sur les raisonnements des enfants. En effet, ils tiennent parfois des discours qui semblent alambiqués pour des gosses de dix/onze ans. Et de ce fait, c’est vrai qu’on a parfois du mal à voir un côté naïf chez eux. Mais très sincèrement, moi, j’ai mis cela sur les tests qu’ils subissaient. J’ai l’impression qu’à l’origine, s’ils sont présents, c’est parce qu’ils ont tous une particularité peu commune. En outre, on voit que Ray lit beaucoup et est assez avisé. Norman est considéré comme très intelligent. Emma possède des capacités d’apprentissage hors-normes. Cela peut raisonnablement expliquer pourquoi leurs dialogues sont savamment construits. Finalement, est-ce que les enfants ne seraient pas dans cet orphelinat car ils sont « surdoués » d’une certaine façon? Encore une question en suspens…
« S’il n’y a plus de place pour nous à l’extérieur, qu’à cela ne tienne! On se la forgera nous-mêmes! » (Emma) – Tome 1.
Du côté des visuels, la première chose qui saute aux yeux, c’est qu’on a l’impression que tout est dans l’énergie. En fait, Posuka Demizu arrive à insuffler un dynamisme sans faille à ses personnages comme aux cadres. Que ce soit dans l’expressivité, dans les mouvements, il y a toujours quelque chose d’assez caractéristique pour donner l’impression que l’animation est très vivante. Par ailleurs, cette impression de mouvement concourt quelque part au cadre en apparence très joyeux des enfants. Les décors sont soignés : la bâtisse de l’orphelinat, le portail, la forêt, le choix des angles de vue (impressionnant notamment quand on arrive au portail avec une contreplongée qui donne un côté très glauque instantanément). Et puis le fait que les enfants soient toujours en blanc (ce qui n’est pas anodin à mon sens) comme si on jouait sur ce contraste entre la dimension sombre de l’orphelinat et leur innocence qui semble être préservée. Vraiment, tout est très habilement pensé et participe sans aucun doute à ce que l’on accroche.
« Je vais mettre mon plan à exécution et la renverser! » (Soeur Krone) – Tome 1.
Du côté de l’édition, on a droit au format standard de Kazé concernant les shônen. Mais la petite touche inédite vient de la couverture qui fait partie d’un projet de l’éditeur. Ainsi découvre-t-on au verso de la jaquette une illustration de Benjamin Lacombe, auteur franco-belge. J’ai lu beaucoup de choses sur le choix de cette couverture alternative. Certains appréciaient et d’autres pas. Je pense que cela est laissé à l’appréciation de chacun. Pour ma part, j’avais dit sur instagram (oui, si vous ne savez pas, l’éditeur est sur instagram) à l’éditeur que je trouvais cette couverture assez ingénieuse. La couverture d’origine laisse apparaître un côté plus chaleureux même si on peut voir une forme de noirceur sur le bas mais si on regarde la couverture de Benjamin Lacombe, il y a pour moi quelque chose de plus sinistre avec l’impression que les personnages sont presque comme des pantins : leurs visages sont moins expressifs ce qui s’oppose à la couverture d’origine et même aux dessins de Posuka Demizu. De ce fait, j’avais réellement la sensation qu’on montrait davantage la manipulation dont ils étaient victimes. Une forme d’emprisonnement qu’ils n’avaient jamais soupçonné d’une certaine manière. J’adhère totalement à cette couverture en tout cas. Le papier et l’impression sont de très bonne qualité. La traduction de Sylvain Chollet est bonne aussi même si comme je l’ai dit plus haut, je trouve les discours des enfants parfois trop savants.
En guise de conclusion, The Promised Neverland est donc bien un succès à découvrir : original, intelligent, toujours très bien rythmé et pensé, soignant les détails, tout est fait pour happer le lecteur dans des découvertes toujours plus surprenantes et captivantes. L’auteur semble savoir où il va nous menant parfois en bateau de manière astucieuse et avec des personnages que l’on apprécie déjà beaucoup. Autant dire que la suite s’avère prometteuse !!
Avis réalisé grâce au service presse des éditions Kazé que l’on remercie chaleureusement!
Informations :
Titre VO : 約束のネバーランド
Titre traduit : Yakusoku no Neverland
Genres : shônen, action, drame, thriller, suspense, fantastique
Nombre de tomes VF/VO : 2/9 (En cours)
Auteurs : Kaiu Shirai (scénario) | Posuka Demizu (dessin)
Édition VF : Kazé
Prix : 6,79€
Extrait en ligne : The Promised Neverland T.1 | Mini-Site : The Promised Neverland
Note : ★★★★★
J’ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier tome et il s’est confirmé avec le second ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Je vais attendre un peu avant de le lire. Mais je pense qu’on tient du très haut niveau là si ça se maintient ainsi!
J’aimeAimé par 1 personne