
Au printemps 2018, nous avons pu découvrir un nouveau shônen fantastique aux éditions Kana : Last Pretender. Ce titre terminé en 5 tomes au Japon situe son cadre dans un espace intergalactique où une lutte est engagée entre différentes filles pour devenir la nouvelle reine. A moins que le fils du roi ne vienne jouer les trouble-fête…
Résumé :
Il est de coutume qu’un tournoi intergalactique entre filles soit organisé pour désigner celle qui épousera le prince héritier et deviendra la future reine. Le prince Kris, le principal concerné, a sa petite théorie : comme le sang des peuples les plus puissants coule déjà dans les veines de la famille royale, il lui paraît évident que la femme « la plus puissante » devra elle aussi faire partie de cette lignée. Kris a alors l’idée folle de créer son propre clone féminin, Kalki, afin qu’elle participe au tournoi et le remporte. Sauf qu’il n’a pas prévu qu’elle pourrait se retourner contre lui…
Source : Kana.
Avis :
« Quand l’héritier légitime du roi de la terre atteint l’âge de 16 ans, il lui faut choisir une épouse parmi des femmes venues des quatre coins de l’univers. » (Lucius) – Tome 1.
De manière générale, j’ai passé un moment très sympathique à la lecture de Last Pretender. Étrangement, j’avais quelques appréhensions sans que je ne sache réellement pourquoi (La couverture ne m’attirait pas vraiment et je trouvais le synopsis peu attrayant également). Et finalement, j’ai trouvé que ce premier tome était plutôt engageant avec même quelques petites surprises.
Première chose assez bien travaillée, c’est sans doute l’univers du titre. La Terre est devenue la capitale de l’univers (oui oui). Mieux, elle est la capitale royale de la Nouvelle-Angoulême (avouez que cela ne s’invente pas quand même). C’est dans ce contexte que l’on découvre le tournoi intersidéral qui voit s’affronter les femmes les plus fortes de l’univers. Celle qui remportera le tournoi se verra Reine de la Terre.
Dans un premier temps, le scénariste nous trompe allègrement sur l’histoire. En effet, le lecteur découvre l’histoire du roi de la Terre. Et très logiquement, on pense que la suite sera axée sur ce dernier. Sauf que de manière assez astucieuse et surprenante (car il y a une scène qui ne manque pas de surprendre tant on ne s’y attend pas), on découvre que cela ne sert qu’à nous faire comprendre l’enjeu majeur voire un peu cruel de ce tournoi. Ainsi, on a presque l’impression d’arriver dans un contexte qui était déjà bien ancré avant de commencer la lecture. C’est comme s’il y avait un léger effet « in medias res ».

Cela permet ensuite de réellement découvrir le sujet de l’histoire avec notamment Kris, le fils du roi et de la reine actuels. Ce dernier va se voir « attribuer » son épouse pour ses 16 ans. Une situation envieuse pour de nombreuses jeunes femmes de l’univers… Sauf que Kris a plus d’un tour dans sa poche. Et le jeune homme, plutôt que de subir les traditions ancestrales, a décidé tout simplement de créer un clone de lui-même afin de pouvoir s’unir à sa conception de la femme idéale (en fait, lui en féminin). Mais voilà, trop imbu de sa personne, il a négligé un détail : son clone est déterminé à le tuer car selon ses dires, il détruira l’humanité.
« Je n’ai aucune idée de ce qu’il compte faire. Ce garçon est une véritable bombe à retardement. » (Diana) – Tome 1.
Il faut bien avouer que dans un premier temps, les informations pleuvent dans le premier chapitre. On apprend beaucoup de choses mais tout cela est nécessaire pour comprendre tous les tenants et aboutissants. Cela s’enchaîne vite mais ne nous perd pas non plus. L’idée du clonage n’est pas si novatrice. Je me souviens encore d’Afterschool Charisma (chez Ki-Oon) mais l’exploitation qui en est faite n’est pas si inintéressante et j’ai trouvé que le tour de force de faire du clone l’ennemie du héros n’était pas si mal. Au final, je me demande comment cela va tourner parce que cela force Kris à comprendre pourquoi son clone veut en venir à le tuer. Néanmoins, on pourra trouver un peu étrange que Kris souhaite se marier avec sa version féminine mais quand on découvre sa personnalité, cela peut également tomber sous le sens.
Pour l’instant, on n’en reste qu’aux prémices avec des éléments bien avancés et demandant à être étoffés. Ainsi, je suis restée très curieuse concernant la mère de Kris dont j’ai du mal à saisir les intentions parfois. Autant, elle peut paraître parfois empathique, autant on peut avoir l’impression qu’elle fomente pas mal de choses. Quant au père de Kris, il est terriblement effacé. On a l’impression qu’il est un fantoche dans l’histoire. Au vu de son passé, on peut comprendre cette raison mais c’est vrai que pour l’instant, il ne m’inspire pas tant de choses.
Le titre reprend toutefois les codes assez classiques du shônen : la quête initiatique du héros, les méchants qui finalement ne le sont pas réellement, l’humour corrosif essentiellement lié à Kris et à son sarcasme. Mais Last Pretender a quand même le mérite d’aborder de manière implicite quelques thématiques liées à la société. Et cela tranche avec le ton souvent léger : il y est ainsi question de clonage comme dit ci-dessus, de féminisme (avec le clone rebelle) ou encore cette question de déterminisme (Kris ne souhaite pas embrasser les traditions et veut s’affirmer par lui-même). Toutefois, le scénariste a parfois du mal à bien tout coordonner et on peut ressentir quelques flottements.

Le personnage de Kris reste l’atout du titre. Sa personnalité exacerbée pourrait en agacer beaucoup mais il faut bien lui reconnaître qu’il apporte beaucoup de dynamisme et sa façon de réfléchir et d’être constamment en opposition avec sa mère peut susciter l’amusement parfois.
Le dessin de Yoshiyuki Miwa est relativement plaisant avec des scènes de combat bien illustrées et intenses. J’ai au quand même eu un peu de mal avec les yeux qui me semblaient parfois trop gros. L’édition de Kana est de bonne facture et conforme à ce que propose généralement l’éditeur.
Last Pretender offre un premier volume efficace mais où on ressent parfois des manques pour totalement sortir du lot notamment parce que toutes les thématiques ne sont pas suffisamment approfondies. Néanmoins, cela reste une lecture très divertissante.
Avis réalisé grâce au service presse des éditions Kana que l’on remercie.
Informations :
Titre VO : 終極エンゲージ
Titre VF : Shûkyoku Engage
Genres : shônen, action, aventures, fantastique
Nombre de tomes VF/VO : 5 (Terminé)
Auteurs : MIWA Yoshiyuki (dessins) | ETÔ Shunji (scénario)
Édition VF : Kana
Prix : 6,95€
Extrait en ligne : Last Pretender T.1
Note : ★★☆☆☆